Le chiffre est clair: 33% des espèces d’abeilles présentes en Belgique sont menacées d’extinction. Ceci alors que 12% des populations d’abeilles du pays ont déjà disparu (par rapport à la période 1900-1969) et que 7% sont en passe d’être menacées.
Tels sont les chiffres provenant du projet belge de recherche BELBEES, financé par la Politique scientifique fédérale belge BELSPO et réalisé, notamment, par des chercheurs de différentes universités du pays et de l’Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique.
« Les abeilles sont considérées comme étant les principaux pollinisateurs de nos régions, à la fois pour nos plantes sauvages et cultivées », indiquent les chercheurs. « Malheureusement, sur base de nombreuses études scientifiques, il semble clair qu’elles subissent un déclin massif en Europe ». Le projet BELBEES a pour objectif l’évaluation de l’ampleur et des causes du déclin des abeilles sauvages de Belgique.
Résultat majeur du projet BELBEES, la Liste rouge des abeilles de Belgique a été réalisée en suivant la méthodologie proposée par l’UICN (Union International de Conservation de la Nature).
Par la comparaison des répartitions géographiques entre 1900-1969 d’une part et 1970-2017 d’autre part, plus de la moitié des espèces d’abeilles de notre territoire (a) est menacée d’extinction (33%), (b) a disparu de notre pays (12%) ou (c) est en passe d’être menacée (7%).
Plus précisément, des groupes d’espèces avec des écologies particulières (ex : abeilles sociales) sont plus impactés par les changements globaux. C’est notamment le cas du groupe des bourdons pour lequel 80% des espèces sont menacées d’extinction, d’ores et déjà éteintes ou en passe d’être menacées.
Alors que certaines régions de Belgique sont connues pour abriter une grande richesse spécifique (Flandre sablonneuse, Est de la Campine, environs de la Région Bruxelles-Capitale, Condroz, Fagne-Famenne-Calestienne, Gaume), certains «hotspots » de diversité locale ont aussi pu être mis en exergue. Ces derniers représentent des habitats particuliers et menacés comme les pelouses calcaires ou les landes qu’il faut protéger en priorité.
Ce travail met aussi en lumière le manque de connaissances pour l’évaluation de certaines espèces (plus de 9% des espèces ont été classées dans la catégorie «Données insuffisantes ») et la caractérisation de la faune d’abeilles de certaines régions sous-échantillonnées du pays (Ardenne, Flandre occidentale, Campine).
Face à cette régression massive, plusieurs causes anthropiques ont été pointées comme responsables : la perte et la fragmentation des habitats en raison de l’intensification de l’agriculture (par exemple, changements dans les pratiques agricoles, y compris l’utilisation d’engrais et de pesticides) et du développement urbain, ainsi que du changement climatique.