Les deux semaines de congé de paternité proposé aux jeunes pères en Belgique depuis juillet 2002 ont un effet bénéfique sur la santé des femmes qui viennent d’accoucher. C’est ce qu’il ressort des travaux de l’économiste Ilan Tojerow, chercheur du Centre de recherche d’économie appliquée de la Solvay Brussels School of Economics and Management (DULBEA), de l’ULB.
Il a analysé les effets économiques que la présence du jeune père bénéficiant d’un congé de paternité pouvait avoir sur la santé de la jeune mère. Il s’intéresse notamment au « taux d’invalidité » de la mère, soit son indisponibilité professionnelle, après la naissance de son bébé.
« Le congé de paternité a clairement un effet positif sur la santé des mères dont le conjoint bénéficie d’un congé de paternité », souligne-t-il. « Leur taux d’invalidité diminue de 11 % en moyenne ». Quand il regarde les chiffres sur douze mois après la naissance, il constate une diminution de 32 % du nombre de jours d’incapacité de travail des mères.
Qu’est-ce qui expliquerait cet effet bénéfique du congé de paternité sur la santé des femmes ? « Notre hypothèse est que si le père est effectivement présent autour du moment de la naissance, même si cela ne dure que deux semaines, la technologie liée aux soins à apporter aux enfants est apprise par les deux parents. Ce qui a un impact à long terme, y compris sur la santé des mères », indique-t-il.
Autre constat de son étude: l’espacement des naissances au sein des familles est plus important chez les couples dont le père bénéficie d’un congé de paternité. « Sans que toutefois cela ait une influence sur le nombre de naissances », indique encore Ilan Tojerow.
Le chercheur pointe encore d’autres effets bénéfiques du congé de paternité. « Au Danemark, un allongement de deux semaines du congé de paternité a un effet positif sur les revenus des mères », dit-il. « Un effet qui perdure jusqu’à 8 ans après la naissance. En Espagne, des collègues ont également pu montrer que le congé de paternité avait un effet positif sur le taux d’emploi des mères dans les mois qui suivent la naissance ».
Enfin, l’économiste pointe encore deux effets liés à ce congé. Dans les familles où le père est présent dans les jours qui suivent la naissance, il constate que ceux-ci se consacrent ensuite davantage aux tâches ménagères. Et que chez ces familles, le taux de séparation ou de divorce est moindre que chez celles où il n’est pas question de congé de paternité.