En utilisant les données livrées par l’instrument IASI (Infrared Atmospheric Sounding Interferometer) qui équipe les satellites météorologiques européens Metop, les scientifiques de l’Université libre de Bruxelles ont pu suivre à la trace les mouvements d’une série des polluants émis par les incendies qui ravagent l’Australie.
Les satellites Metop, d’Eumetsat, sont placés sur une orbite polaire et apportent diverses informations complémentaires aux météorologues et aux chercheurs par rapport aux satellites météorologiques géostationnaires.
« Pour la première fois, nous avons pu observer le monoxyde de carbone (le CO) émis par ces phénomènes de combustion faire le tour de la planète et revenir au-dessus de l’Australie », indique la Pre Cathy Clerbaux, du Service Spectroscopy, Quantum Chemistry and Atmospheric Remote Sensing de l’ULB.

« Le CO est un composé qui résulte d’un phénomène de combustion », rappelle la scientifique. « Certains chauffe-eau domestiques peuvent par exemple en produire. Avec les incendies australiens, les émissions de CO sont importantes. Le fait de pouvoir observer qu’il font le tour de la Terre est pour nous une première. En général, ces nuages de gaz se diluent dans l’atmosphère. Ici, nous observons que le CO, qui se dirige vers l’Est, touche d’abord l’Antarctique avant de continuer son voyage, pour finalement revenir sur l’Australie en quelques jours. « Il y a bien une dilution, mais le gaz est toujours bien détectable sur les données satellitaires », précise la Dre Clerbaux.
La combinaison des données sur les deux premières semaines de l’année 2020 montre clairement ce « tour du monde » effectué par ce composé chimique. Mais pourquoi ce nuage de CO reste-t-il aussi visible? « Parce que l’importance de ces incendies est telle que les gaz sont expédiés très haut dans l’atmosphère, où ils peuvent subsister plus longuement », estime la chercheuse.