Bacopa monnieri, une plante grasse aquatique qui pousse notamment en Inde, pourrait aider à traiter l’insuffisance cardiaque. Voilà ce que montrent deux chercheurs de l’UCLouvain, à Woluwe-St-Lambert, les Prs Virginie Montiel et Jean-Luc Balligand, de l’IREC (Institut de Recherche Expérimentale et Clinique) dans la dernière édition de la revue scientifique « Science Translational Medicine ».
Avec le concours de nombreux collègues, les deux scientifiques viennent de comprendre par quel phénomène l’insuffisance cardiaque se produisait mais aussi comment potentiellement la soigner. Il s’agit ici d’un problème lié à l’hypertrophie du cœur, soit l’épaississement des parois du muscle cardiaque.
« On sait depuis longtemps que le stress oxydatif est un déclencheur de ce phénomène, mais on ne sait pas comment ces oxydants donnent le signal d’hypertrophie », indique-t-on à l’UCLouvain.
C’est le peroxyde d’hydrogène (H202, aussi appelé sous certaines formes « eau oxygénée ») qui a retenu l’attention des chercheurs. Produit à faibles concentrations par de nombreux types de cellules, y compris les cellules du cœur, il a des effets bénéfiques. Mais à fortes concentrations, il peut engendrer une hypertrophie du cœur.
Les chercheurs, soutenus par le FNRS et Welbio, ont découvert que c’est via une protéine exprimée dans les cellules cardiaques (l’aquaporine-1) que le peroxyde d’hydrogène pénètre dans la cellule et active les réactions menant à l’hypertrophie. Ils identifient aussi une plus grande présence de cette protéine chez les patients souffrant d’hypertrophie cardiaque par rapport aux sujets sains.
C’est ici que la petite plante aquatique indienne entre en piste. Un extrait de Bacopa monnieri (aussi connue sous l’appellation populaire Brahmi) permet de bloquer l’aquaporine-1. C’est plus particulièrement la molécule bacopaside, produite par le végétal, qui bloque le passage de peroxyde d’hydrogène dans les cellules cardiaques, ce qui permet de prévenir le développement de l’hypertrophie.
Le Brahmi est un remède traditionnel indien depuis des siècles. « Il a déjà été utilisé dans des études cliniques dans le cadre de maladies neurologiques sans montrer de toxicité notable », précise l’UCLouvain.
« Il pourrait donc aujourd’hui être ‘repositionné’ pour des indications cardiovasculaires chez les patients à risque de développer une hypertrophie menant à l’insuffisance cardiaque. Une étude pilote qui vient d’être lancée s’intéresse à cette hypothèse ».