Evelien Deboelpaep, du département de biologie de la VUB, s’est intéressée aux routes de migration suivies par les échassiers et plus particulièrement aux sites de repos de ces oiseaux lors de leurs longs voyages entre leurs zones d’hivernage et celles de reproduction. Elle a pu montrer que pour un même site, ici quatre zones humides situées en Grèce, la disponibilité de la nourriture variait grandement.
Lors du voyage vers le Nord, après la traversée du Sahara, ces oiseaux trouvent généralement une abondance de ressources dans les grandes zones humides de Grèce, où ils se nourrissent d’invertébrés riches en graisses et en protéines. En automne par contre, lors du voyage retour, ces mêmes zones, nettement plus sèches, sont aussi nettement moins riches en nourriture. « Cela va d’un facteur un à sept », a-t-elle pu mettre en évidence.
Un cinquième de tous les oiseaux du monde entier passent une grande partie de leur vie à faire la navette entre leurs zones de reproduction et celles d’hivernage. Des milliards d’oiseaux passent entre l’Europe et l’Afrique pendant leur migration. En plus des dangers liés aux milliers de kilomètres de vol, ce voyage a un coût énergétique important. Les oiseaux migrateurs stockent donc des réserves de graisse, parfois plus de la moitié de leur poids total. Ces réserves de graisse sont reconstituées sur leurs sites de nidification, mais aussi pendant la migration elle-même, lors des escales. Plus la nourriture est abondante et de qualité lors d’une telle escale, mieux l’oiseau reposé arrive à sa destination finale.
« Lors des escales avant la traversée de grandes barrières écologiques, comme le Sahara, il faut stocker des réserves supplémentaires pour passer la barrière », explique Mme Deboelpaep. « Si la qualité de ces escales se détériore, ce qui est fréquent en raison des perturbations humaines ou du changement climatique, les conséquences pour la suite de la période de migration et la saison de reproduction seront importantes. »
« Des comptages ont montré qu’il y a environ deux fois plus d’échassiers qui passent par la Grèce au printemps qu’en automne », dit-elle encore. « Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Mais l’une des plus importantes est la présence de nourriture en quantité suffisante. Certains oiseaux choisissent donc une autre route de migration à l’automne », conclut-elle.