L’ouragan Dorian, qui a frappé les Bahamas ces derniers jours avec une force sans précédent, n’a pas seulement causé des souffrances humaines et beaucoup de dégâts matériels. Le passage de cette tempête tropicale signifie aussi, et presque certainement, la disparition d’au moins une espèce endémique dans ces îles : la Sittelle des Bahamas.
La Sittelle des Bahamas (Sitta pusilla insularis) est un oiseau chanteur qui vit dans les pinèdes du pays. C’est une espèce (selon certains ornithologues, une sous-espèce), qui s’est établie dans l’archipel il y a plus d’un demi-million d’années et qui est apparentée à la sittelle à tête brune. L’espèce avait survécu dans les forêts des Bahamas depuis des centaines de milliers d’années. Dorian semble bien avoir eu raison de son existence…
« Les îles sont des biotopes très vulnérables », rappelle Didier Vangeluwe, ornithologue de l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique (IRSNB), à Bruxelles. « Au cours des dernières centaines de milliers d’années, les Bahamas ont connu davantage de telles tempêtes, et il y a de fortes chances que d’autres espèces aient déjà disparu, sans aucune intervention humaine. De telles tempêtes font partie des processus climatologiques naturels. Elles créent une dynamique à laquelle nous, les êtres humains, ne pouvons pas grand-chose. Il existe de nombreux autres exemples d’espèces animales disparues dans les îles, comme les dodos de Mauritanie. Dans de nombreux cas, l’homme a joué un rôle dans ces disparitions, mais pas toujours. Les îles sont des entités vulnérables, en particulier les plus petites, avec leurs populations d’espèces relativement limitées ».
« D’un autre côté, une telle tempête peut aussi être une opportunité pour d’autres espèces, qui doivent compter sur des biotopes qui s’agrandissent à la suite d’un tel ouragan. »
Selon Didier Vangeluwe, la possibilité de voir une nouvelle espèce, éventuellement endémique, s’installer aux Bahamas n’est pas une utopie. « Chaque année, nous découvrons des oiseaux chanteurs américains perdus en Europe, qui se retrouvent ici parce qu’ils ont volé dans le mauvais sens. Pourquoi cela ne serait-il pas possible aux Bahamas ? Ils ne sont pas si loin du continent américain. De plus, une population peut parfois se rétablir si l’on donne une nouvelle chance au biotope. Il y a vingt ans, les faucons pèlerins avaient complètement disparu de chez nous. Aujourd’hui, neuf ou dix couples reproducteurs nichent dans la capitale…. »