Grâce aux analyses de 42 prélèvements d’eaux usées collectés deux fois par semaine à l’entrée de stations d’épuration, Sciensano suit la circulation de la Covid-19 dans tout le pays. « Il s’agit d’un indicateur qui permet de détecter de manière précoce toute évolution notable de la circulation du virus », indique l’Institut public. Les premières analyses de la présence du COVID-19 dans les eaux usées montrent des tendances comparables aux résultats des tests de dépistage. Avec quelques nuances.
A Bruxelles, c’est la Société Bruxelloise de Gestion de l’Eau – Brusselse Maatschappij voor Waterbeheer, et Aquiris, gestionnaire de la station d’épuration de Bruxelles-Nord (la plus grande station d’épuration du pays), qui sont les partenaires privilégiés de Sciensano.
« Les premières analyses de la présence du COVID-19 dans les eaux usées montrent des tendances comparables aux résultats des tests de dépistage », indique-t-on chez Sciensano. « Même si cette surveillance nationale des eaux usées ne subit pas l’influence de la stratégie de testing ou la sélection des personnes testées (âge et présence ou non de symptômes) mises en place par les autorités ».
Dans le graphique de Sciensano, trois courbes trahissent la circulation du coronavirus dans les eaux usées. Ces courbes suivent la présence de trois signatures génétiques différentes du virus.

« Les bâtonnets illustrent quant à eux le nombre de cas positifs recensés par jour, par date de réalisation de tests. Sont comptabilisés ici les tests réalisés spécifiquement dans les communes concernées par les échantillons d’eaux usées, pour une meilleure comparaison entre « eaux usées » et « cas positifs rapportés », précise Sciensano.
Une première analyse des résultats livre trois enseignements aux scientifiques.
- La courbe du virus dans les eaux usées est globalement similaire à celle du nombre de personnes ayant été testées positives
- La hausse détectée dans les eaux usées est toutefois plus importante à certains moments de la période considérée, ce qui appuie l’intérêt complémentaire de la technique par rapport aux seuls tests
- Le rapprochement entre les courbes représentant le nombre de personnes contaminées identifiées par test PCR et la contamination des eaux usées est différent d’une région à l’autre, un constat qu’il faudra tenter d’expliquer
Sciensano met aussi en garde. Les données obtenues sont partielles et doivent encore subir des corrections. Les courbes épidémiologiques « eaux usées » doivent être interprétées en prenant les précautions nécessaires.
« La particularité de cette surveillance des eaux usées réside dans le fait que les résultats obtenus sont indépendants des changements de stratégies de testing. Les variations en termes de stratégie ont des conséquences sur le nombre de nouveaux cas détectés et donc sur les statistiques», insiste Sciensano. «La surveillance des eaux usées ne subit pas l’effet de ces variations et propose une vision ajustée de la circulation du virus dans la population».