Les champignons sont apparus sur Terre il y a au moins 810 millions d’années, soit 300 millions d’années plus tôt que ce qu’on pensait. Telle est la conclusion des recherches menées par Steeve Bonneville, enseignant-chercheur de l’Unité de Recherche de Biogéochimie et Modélisation du Système Terre à l’Université libre de Bruxelles, et de ses collègues américains, britanniques et allemands.
Découverts sous forme de mycélium (réseau de filaments interconnectés microscopiques), ces restes fossilisés de champignons ont été identifiés dans des roches dont l’âge est compris entre 715 et 810 millions d’années et provenant de la République Démocratique du Congo. Les échantillons étudiés font partie des collections de l’Africa Museum de Tervuren. Ils se sont formés dans un environnement de lagune ou de lac côtier.
Les découvertes précédentes de fossiles de champignons se basaient uniquement sur la morphologie de restes organiques extraits des roches par l’utilisation de composés acides corrosifs. « Cette approche détériore la chimie des fossiles organiques et limite leur analyse à la morphologie uniquement ce qui ne peut mener à de mauvaises interprétations, car certaines caractéristiques morphologiques sont communes à plusieurs branches des organismes vivants », explique Steeve Bonneville.
Pour leur étude, les auteurs ont donc privilégié l’utilisation croisée de plusieurs techniques d’analyse moléculaire à l’échelle microscopique : spectroscopies par rayonnement synchrotron, marquage par fluorescence et microscopie électronique. Ces techniques permettent d’étudier la chimie des restes organiques in situ, sans aucun traitement. C’est ainsi que les chercheurs ont pu détecter des restes de chitine, un composé très résistant de la paroi des champignons et propre à ce groupe. Ils ont aussi démontré qu’il s’agissait bien d’un organisme eucaryote, dont les cellules possédaient un noyau.
« C’est une découverte importante qui nous invite à revoir la chronologie de l’évolution des organismes sur Terre », estime Steeve Bonneville. « La prochaine étape sera de chercher plus profondément dans le temps, dans des roches plus anciennes, la présence de ces micro-organismes qui sont véritablement aux origines du règne animal », conclut-il.
