L’eau qui baigne la Terre est-elle le résultat d’un intense bombardement de météorites après sa formation ou au contraire, est-elle présente depuis sa naissance, il y a 4,5 milliards d’années? Pour le Dr Cédric Gillmann, planétologue au laboratoire G-time, de l’Université Libre de Bruxelles, c’est la seconde hypothèse qui est la bonne.
C’est en étudiant Vénus en collaboration avec des scientifiques de l’ULB, de l’Observatoire royal de Belgique mais aussi de l’Université de Louvain, rassemblés au sein du projet EOS ET-HoME, qu’il est arrivé à cette conclusion.
« Vénus présente une surface qui est assez uniforme. Nous n’avons aucun indice qui montre qu’il y a eu beaucoup d’eau liquide sur cette planète, comme on peut en retrouver à la surface de la Terre », précise le chercheur. « Mais nous décelons des traces d’eau dans son atmosphère », explique le Dr Gillmann.
« Comme la Terre, cette planète est un système complexe, dont les diverses composantes interagissent entre elles. L’intérieur de la planète interagit avec son atmosphère. Son l’atmosphère interagit avec la partie solide. En combinant ces mécanismes, nous essayons de reconstituer l’évolution de l’atmosphère de Vénus. Et nous confrontons ces résultats avec ce que nous observons aujourd’hui, afin de déterminer si ces mécanismes fonctionnent vraiment », précise-t-il.
Selon ses modélisations, le scénario où l’on ajoute soudain beaucoup d’eau sur la planète, par exemple à la suite des multiples impacts d’une pluie de météorites, ne permet pas d’aboutir à la composition de l’atmosphère actuelle de Vénus. « Elle devrait sinon être beaucoup plus riche en eau et en oxygène », indique-t-il.
« Par conséquent, nous pensons que les météorites qui se sont écrasées sur Vénus étaient principalement des chondrites sèches. Ce qui signifie également que l’eau présente sur la planète a dû être apportée dès la formation même de la planète. »
Même logique pour la Terre, qui elle présente toujours de grande quantité d’eau à sa surface. Une eau qui a pu être conservée grâce à son recyclage continu dans son manteau, via la tectonique. « Un phénomène qui n’existe pas sur Vénus », précise encore le planétologue.
(L’illustration en tête d’article est un extrait de la vue de la Terre prise par le satellite MSG4 d’Eumetsat, le 11 avril 2020. © Eumetsat)