Le volcan philippin Taal, qui vient de se réveiller après plus de 40 années de sommeil, était placé sous surveillance rapprochée, notamment par les chercheurs de l’Université libre de Bruxelles. Leurs travaux ont permis de détecter précocement l’épisode éruptif actuel et d’aider les autorités locales à prévoir l’évacuation des populations menacées. Quelques heures après le début de l’éruption, plus de 45.000 personnes avaient été évacuées.
Depuis 10 ans dans le cadre d’un projet de recherche financée par l’ARES, les chercheurs de l’Université libre de Bruxelles travaillent à l’amélioration des outils de surveillance du volcan. Une de leurs innovations majeures concerne un capteur de gaz carbonique dissout qui transmettait ses données en temps réel. Avec l’éruption, ces instruments ont sans doute été détruits.
Le Taal est un volcan dont la cheminée centrale se situe sur une île située elle-même au milieu d’un lac volcanique plus vaste. Sur cette île, un plus petit cratère abrite un second lac, d’un kilomètre de diamètre. C’est dans ce lac que les chercheurs de l’ULB, avec leurs collègues philippins, avaient disposé leurs instruments de mesure.
« Depuis neuf ans, ces capteurs nous transmettent en temps réel la concentration de dioxyde de carbone dissout dans l’eau », explique le docteur Corentin Caudron, de l’équipe du Pr Alain Bernard (Laboratoire G-Time/ULB). « Ces derniers mois, nous avions remarqué une hausse régulière et progressive du taux de concentration de ce gaz dans l’eau du volcan. Par contre, aucun autre signe typique d’un regain d’activité n’avait été remarqué, par exemple des changements majeurs dans la géométrie du volcan ou des changements dans la température ou dans le pH de l’eau de son lac intérieur ».
La hausse régulière et continue, depuis février 2019, des concentrations de dioxyde de carbone dissout dans l’eau du lac avait donc mis la puce à l’oreille des chercheurs belges et de leurs collègues de l’Institut de sismologie et de volcanologie des Philippines (PHIVOLCS).