Coup de tonnerre dans le ciel de la recherche européenne, à Bruxelles. Le nouveau président du Conseil européen de la Recherche (ERC: l’agence de financement de la recherche fondamentale de l’Union européenne), a démissionné mardi 7 avril, en pleine pandémie de Covid-19.
L’Italien Mauro Ferrari n’avait pris ses fonctions de président de l’ERC que voici trois mois, le 1er janvier 2020. Il indique avoir démissionné à la suite d’un certain désenchantement politique en ce qui concerne l’agilité de cette agence en matière de financements de la recherche en cas de crise. Et il prend comme exemple la pandémie actuelle de coronavirus Covid-19. Le Pr Ferrari avait proposé de lancer un appel à projets de recherche spécifiquement orienté dans ce cadre. Mais il n’a pas été suivi. Il dit avoir alors décidé de démissionner, « car il n’avait plus foi dans le système », rapporte le média « Science Business ».
Mercredi, le Conseil scientifique de l’ERC a livré sa propre version des faits. Elle est moins flamboyante que celle avancée par le Pr Mauro Ferrari.Celui-ci indique qu’en réalité, dès le 27 mars dernier, les 19 membres du Conseil scientifique de l’ERC avaient demandé, de manière unanime, à Mauro Ferrari de démissionner de ses fonctions de président de l’ERC. Les membres du Conseil lui retirant leur confiance, et ce pour quatre raisons:
- 1 Au cours de son mandat de trois mois, le professeur Ferrari a fait preuve d’un manque total d’appréciation de la raison d’être de l’ERC, laquelle est de soutenir une science de pointe marquée par l’excellence, conçue et mise en œuvre par les meilleurs chercheurs d’Europe. Bien qu’il ait exprimé son soutien à cet égard dans des déclarations publiques, les propositions qu’il a faites au conseil scientifique ne reflétaient pas cette position. Il n’a pas compris le contexte dans lequel s’inscrit l’ERC dans le cadre du programme de recherche et d’innovation de l’UE « Horizon 2020 ».
- 2 Depuis sa nomination, le professeur Ferrari a fait preuve d’un manque d’engagement envers l’ERC, ne participant pas à de nombreuses réunions importantes, passant beaucoup de temps aux États-Unis et ne défendant pas le programme et la mission de l’ERC lorsqu’il représentait ce dernier.
- 3 En revanche, le professeur Ferrari a pris plusieurs initiatives personnelles au sein de la Commission, sans consulter ni exploiter les connaissances collectives du Conseil scientifique, et en utilisant plutôt sa position de Président pour promouvoir ses propres idées.
- 4 Enfin, le professeur Ferrari a participé à de multiples entreprises externes, certaines universitaires et d’autres commerciales, qui lui ont demandé beaucoup de temps et d’efforts et ont semblé à plusieurs reprises prendre le pas sur son engagement envers l’ERC. La charge de travail liée à ces activités s’est avérée incompatible avec le mandat de président du conseil scientifique.