Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le professeur Wim Thiery, climatologue à la Vrije Universiteit Brussel, et le professeur Sonia Seneviratne, de l’Ecole polytechnique fédérale suisse de Zurich, a pu cartographier les effets climatiques de l’irrigation sur le réchauffement climatique. Les chercheurs ont basé leur travaux sur des mesures et des simulations du climat mondial. Les résultats de l’étude ont été publiés dans Nature Communications.
L’irrigation à grande échelle est l’une des pratiques agricoles ayant le plus d’effet sur le climat, surtout dans les régions où les températures sont extrêmement élevées. Mais le lien entre les effets climatiques de l’irrigation et le réchauffement de la planète était jusqu’à présent largement inconnu. Les résultats des mesures des chercheurs de la VUB et de l’ETHZ montrent que l’irrigation génère un effet de refroidissement local, lors de grandes chaleurs.
Pour leurs recherches, les scientifiques ont effectué des mesures dans des régions intensivement irriguées en Europe méridionale, en Afrique du Nord, dans le sud de l’Asie et aux États-Unis.
L’équipe a constaté que dans ces régions, l’effet du réchauffement climatique, qui contribue à des extrêmes de chaleur plus fréquents et plus intenses, était partiellement ou totalement compensé par l’effet de refroidissement dû à une irrigation accrue. Ainsi, en Asie, l’irrigation a réduit localement de 50 à 88 % la probabilité de chaleurs extrêmes, avec des effets particulièrement forts dans la plaine alluviale du Gange.
« Nous avons pu démontrer que l’expansion de l’irrigation a compensé localement l’augmentation des températures causée par les émissions humaines de gaz à effet de serre « , indique le professeur Thiery.
Bien que le refroidissement induit par l’irrigation soit généralement limité aux sites d’irrigation, ceux-ci sont souvent situés dans des zones densément peuplées. Environ un milliard de personnes profiteraient actuellement de cette limitation de l’augmentation des températures grâce à l’irrigation, laquelle s’est énormément développée au cours du 20e siècle: les surfaces ayant plus que quadruplé.
Si les résultats de l’étude montrent que l’irrigation a considérablement réduit l’exposition humaine à l’augmentation des extrêmes de chaleur, on peut cependant se demander si cet avantage perdurera encore longtemps. La réduction des réserves d’eau souterraine et la fonte des glaciers pouvant à long terme réduire l’approvisionnement en eau pour l’irrigation.