Des chercheurs de l’ULB et de la KUL ont réussi à greffer des neurones humains dans un cerveau de souris. Ces neurones ont été produits au départ de cellules souches. Les scientifiques ont ensuite pu observer comment ces cellules nerveuses s’intégraient dans les circuits neuronaux du rongeur. Non seulement ces neurones humains se sont développés à leur propre rythme, mais ils ont aussi formé des connexions avec les neurones de l’animal. Ils ont même pu traiter des informations captées par les yeux du rongeur suite à divers stimuli visuels.
Cette recherche permet aux scientifiques de mieux comprendre certaines caractéristiques du cerveau humain. Elle permet aussi d’ouvrir de nouvelles voies de recherche sur le traitement des lésions et l’étude des maladies du cerveau.
« Nous avons différencié des cellules souches embryonnaires humaines en neurones, que nous avons injectés dans le cerveau de souriceaux. Cela nous a permis d’examiner des neurones humains dans un cerveau vivant pendant de nombreux mois. Nous pouvons également faire appel à toute une gamme d’outils biologiques dans ces cellules afin d’étudier la formation des circuits neuronaux humains et les maladies du cerveau humain », explique un membre de l’équipe.
Les chercheurs ont découvert que les cellules greffées se développaient de la même manière que dans un cerveau humain, mais en prenant leur temps. Elles avaient une période de maturation de plusieurs mois, ce qui est caractéristique des neurones humains. Cela signifie que le développement de nos neurones pourrait suivre une « horloge interne » étonnamment indépendante de leur environnement.
De plus, les cellules humaines étaient capables de fonctionner au sein des circuits neuronaux de la souris. « Après des mois de maturation, les neurones humains ont commencé à traiter des informations, par exemple en répondant à des stimulus visuels de l’environnement », explique encore l’équipe, dont les résultats ont été publiés dans la revue Neuron.
«Les cellules humaines réagissaient même différemment en fonction du type de stimulus, ce qui révèle un degré de précision étonnant dans les connexions entre les cellules greffées et les circuits de la souris receveuse. »
«Nos conclusions indiquent notamment que les neurones greffés conservent leurs propriétés “jeunes” même dans un cerveau adulte (de souris). Cela pourrait avoir des retombées importantes dans le domaine de la réparation neuronale», ajoute le Pr Pierre Vanderhaeghen, impliqué dans cette étude, dans un communiqué de l’ULB. «Le fait que de jeunes neurones humains greffés soient capables de s’intégrer dans des circuits adultes est très prometteur en ce qui concerne la mise au point de traitements pour la neurodégénérescence ou les accidents vasculaires cérébraux, en greffant de nouveaux neurones pour remplacer ceux qui ont été perdus. »