Des archéologues ont authentifié des ossements découverts à Tongres en 2014 et 2015 comme appartenant à un dromadaire mâle adulte. Il s’agit de fragments du crâne de l’animal qui ont été examinés par l’archéozoologue Bea De Cupere, de l’Institut royal des sciences naturelles à Bruxelles.
Les fouilles datent déjà de 2014 et de 2015. Mais lors de leur découverte, les ossements exhumés à Tongres laissaient les scientifiques perplexes. De quel animal ces os provenaient-ils?
L’archéologue Bea De Cupere, de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (Bruxelles), vient d’apporter une réponse à cette question.
« Il s’agit de fragments de crâne et de deux mâchoires supérieures de dromadaires », explique-t-elle. « Ils ont été retrouvés dans un fossé qui traverse une muraille romaine de la fin du IIIe siècle. Nos recherches montrent qu’il s’agit d’un animal mâle adulte. Il y a une forte probabilité qu’il s’agisse de dromadaires. Mais il pourrait aussi s’agir d’un chameau ou d’un croisement entre ces deux animaux.
Les chameaux et les dromadaires sont très étroitement apparentés et peuvent produire une progéniture fertile lorsqu’ils sont croisés. Leurs squelettes sont difficiles à distinguer. « Que le crâne soit celui d’un chameau ou d’un dromadaire ne deviendra clair qu’après des recherches génétiques en cours dans un laboratoire de l’Université de Vienne », précise-t-elle. « Nous avons également envoyé des échantillons pour la datation au Carbone 14 à l’Institut royal du patrimoine artistique, à Bruxelles. Cette analyse a déjà livré son verdict. L’animal serait mort au début du IVe siècle après J.-C. »
« Les éléments du crâne, notamment de la mâchoire supérieure, ont été mis au jour dans un fossé qui traversait un mur de l’époque romaine (IIIe siècle) », a précisé l’experte. Un laboratoire de l’université de Vienne va encore effectuer une analyse ADN et des échantillons vont être envoyés pour une datation au carbone 14 à l’Institut royal du patrimoine à Bruxelles.
« Les restes de camélidés sont très rares dans l’Empire romain d’Occident », a expliqué Peter Cosyns, chercheur à la VUB spécialisé dans l’archéologie romaine et ancien archéologue communal à Tongres. « Ils étaient le plus souvent retrouvés le long de routes commerciales très empruntées, ce qui laisse croire que ces animaux étaient utilisés pour le transport. Dans la littérature, on retrouve par ailleurs des éléments établissant un usage militaire de ces bêtes. Dans le cas du dromadaire de Tongres, il a probablement été utilisé pour le transport sur la voie commerçante entre Cologne et Boulogne-sur-Mer ou entre Nimègue et Metz. »
Il s’agit de la deuxième découverte d’un dromadaire ou chameau de l’époque romaine sur le territoire belge. En 2007, des fragments avaient été découverts à Arlon, probablement aussi sur un important axe commercial.