À Uccle, les six années les plus chaudes ont été observées après 2005, et l’augmentation moyenne des températures pour 2019 est supérieure à 2,5 °C par rapport à la période 1850-1900. Le « Rapport climatique 2020 » de l’Institut Royal météorologique, publié aujourd’hui, est limpide. La Région bruxelloise est clairement impactée par les changements climatiques. Et c’est loin d’être terminé.
Ce nouveau rapport climatique de l’IRM rassemble les résultats les plus récents des observations climatologiques et des recherches climatiques menées par les scientifiques de l’IRM. « Il a pour but d’informer les scientifiques, les autorités et le grand public au sujet de l’état de nos connaissances du climat présent et futur en Belgique», explique Rozemien De Troch, coordinatrice de ce rapport.
« Le grand public connaît l’IRM principalement par la météo. Mais notre recherche scientifique se concentre également sur le climat. Nos scientifiques travaillent chaque jour pour une meilleure compréhension des mécanismes du changement climatique, l’analyse et l’interprétation de nos données climatiques et l’amélioration de notre modèle climatique », précise Daniel Gellens, directeur général a.i. de l’IRM.
Le cas de la Région bruxelloise y occupe une place particulière. D’abord parce que l’IRM est basé à Uccle, mais surtout parce qu’un chapitre du rapport se concentre sur la question spécifique du « climat urbain » à Bruxelles.
Pour étudier le climat urbain à Bruxelles, les scientifiques de l’IRM ont soumis toute une série de données à un de leurs outils de modélisation. Les résultats du modèle pour Bruxelles ont été validés en les comparant aux observations pour la période 1981- 2010 de trois stations situées dans ou à proximité de la Région de Bruxelles-Capitale : Brussegem, qui est située dans un environnement rural à 13 km au nord-ouest du centre-ville de Bruxelles, Uccle, situé à environ 6 km au sud du centre-ville de Bruxelles et Molenbeek, qui est situé près du centre-ville et dans une zone urbaine très dense.
Les chercheurs de l’IRM ont ensuite modélisé l’évolution des vagues de chaleur en région bruxelloise jusqu’en 2100. Cette évolution est liée à l’augmentation attendue de la température selon trois scénarios différents concernant les émissions de gaz à effet de serre. Selon le scénario le plus pessimiste, il est clair que le nombre de vagues de chaleur augmentera au fur et à mesure que la température filera à la hausse. Surtout à partir de la seconde moitié du siècle. Entre 2050 et 2100, au moins une vague de chaleur est attendue par été. Pour le centre-ville de Bruxelles, le nombre de vagues de chaleur triplera par rapport à la situation actuelle. Leur intensité doublera et leur durée augmentera de 50%.
« Plusieurs mesures d’adaptation peuvent être envisagées pour se préparer à l’impact du changement climatique en ville », indique encore ce rapport. « L’albédo des bâtiments pourrait être modifié (en utilisant différents matériaux, des peintures de couleur blanche…) afin de réfléchir davantage le rayonnement solaire. Une étude récente de l’IRM a montré que cela pourrait réduire l’îlot de chaleur urbain de 0,45°C et rendre la température moins stressante pour les habitants des villes. De plus, cela permettrait d’éviter 50% des vagues de chaleur d’ici 2050. À partir de la seconde moitié du siècle, ce pourcentage diminue, car la montée en température est alors trop importante».
Une autre mesure pourrait être de rendre la ville plus verte en plantant des arbres supplémentaires, en construisant des parcs, etc. La verdure supplémentaire de la ville pourrait éviter 33% des vagues de chaleur. « Afin de minimiser l’effet de la ville pendant les vagues de chaleur, une combinaison des deux mesures est recommandée », souligne le rapport.
L’illustration en tête d’article est reprise du rapport climatique de l’IRM. Chaque trait vertical représente une année, allant de 1833 jusqu’à 2019. La couleur de chaque trait correspond à la température annuelle moyenne à Uccle. En bleu, les années relativement froides et en rouge, les années relativement chaudes.