« La réussite finale de la piétonnisation des boulevards centraux de Bruxelles et du redéploiement du centre-ville nécessitent de faire collaborer des acteurs et des services qui n’en ont pas nécessairement l’habitude. Il s’agit aussi de conjuguer des niveaux de gouvernance différents voire concurrents, de créer une dynamique politique et citoyenne positive autour du projet, de mettre à profit et de développer les leviers d’action permettant d’atteindre les ambitions à long terme du projet. »
Pour faire réussir ce projet de piétonnier, les six chercheurs qui posent les constats énumérés ci-dessus, estiment aussi qu’il faut mettre en place une structure opérationnelle transversale coordonnée par un ou une intendant(e). Un intendant qui aurait en charge l’organisation de rencontres structurées avec l’ensemble des acteurs de terrain, et la création d’une « chambre de qualité » qui veillerait au respect des objectifs définis et à la qualité de la mise en œuvre du projet.
Telles sont les conclusions de la dernière note de synthèse actualisée de Brussels Studies. Une note de synthèse cosignée par Michel Hubert, Margaux Hardy (USL-B), Julie Neuwels (ULg), Eric Corijn, Sofie Vermeulen et Joost Vaesen (VUB), du BSI-BCO BSI-Brussels Centre Observatory. Leur note initiale date de 2016. La version actualisée réinterroge les constats initiaux à la lumière des travaux menés depuis 2017, mais également de la crise qui affecte l’ensemble de l’économie et les modes de vie des Bruxelloiss depuis le printemps dernier.
Avant la crise du covid, la fréquentation du piétonnier était en forte croissante, notamment à l’occasion de grands événements comme le départ du Tour de France ou les ‘Plaisirs d’hiver’, et le tourisme battait des records, à peine trois ans après les attentats. Seul le réaménagement des places de la Bourse et Fontainas devait encore être terminé. Quant aux transformations du centre de Bruxelles, elles ne faisaient que commencer. Les deux mois de confinement dans lequel la Belgique fut plongée (de la mi-mars à la mi-mai 2020) et les incertitudes qui suivirent interrogent à nouveau, de manière brutale, l’avenir des centres urbains. Le piétonnier, symbole d’une vision nouvelle pour Bruxelles, est plus que jamais au centre des questionnements.
« Plus qu’un simple aménagement de l’espace public, le piétonnier touche en effet de multiples dimensions et échelles de l’évolution de la ville », précisent les chercheurs.
« S’il est porteur d’opportunités majeures pour le centre-ville, il l’est aussi pour la Région de Bruxelles-Capitale et son aire métropolitaine ».
Les chercheurs identifient quatre défis principaux pour assurer la réussite de ce projet.
- Compléter la planification spatiale en agissant aussi sur l’immatériel et en programmant mieux les ambiances et les activités sociales, commerciales et artistiques du centre-ville
- Insérer le projet dans une vision de développement territorial multi-échelle et de mieux le connecter aux différents plans (mobilité, environnement, commerce, tourisme, culture, social, logement, etc.)
- Augmenter l’adhésion au projet en améliorant qualitativement information et communication mais aussi participation et coproduction, de même que de renforcer les transversalités à l’intérieur et entre les instances de gouvernance
- Approfondir le changement de paradigme en explicitant le projet de ville escompté, tel qu’esquissé par le PRDD.
La photo en début d’article a été prise lors du confinement. © Linda Torf