Les Universités libres de Bruxelles (ULB, francophone, et VUB, néerlandophone) inaugurent ensemble, ce 20 septembre, leur nouvelle année académique. Sous un soleil radieux et avec plus de six mille invités rassemblés au Parc du Cinquantenaire, à Bruxelles, l’événement a des allures de grande fête populaire. Et pour cause, cette année, l’ULB fête son 185e anniversaire tandis que de son côté, la VUB souffle ses 50 bougies. Un double anniversaire rehaussé par la présence du Roi et placé sous le signe du rapprochement avec la société.
Lors de leur discours d’ouverture conjoint, les recteurs Caroline Pauwels (VUB) et Yvon Englert (ULB) ont rappelé que la scission linguistique de l’Université survenue il y a un demi-siècle résultait de décisions politiques et non de divergences idéologiques entre Flamands et Francophones au sein de l’université bruxelloise.
« Nos universités partagent non seulement une histoire commune, mais aussi et surtout un rêve commun pour l’avenir. C’est ce rêve que je veux partager aujourd’hui avec vous », a dit Caroline Pauwels. Elle précise: « il s’agit d’un rêve de dialogue et de coopération. Un rêve qui permet de franchir les frontières. Un rêve de frontières qui s’estompent. Pas d’elles-mêmes, mais parce que nous osons les franchir. »
Les deux recteurs ont souligné qu’ils sont tous deux aussi très attachés à la libre pensée (Libre Examen) et à la recherche. Ils soulignent ainsi également leur particularisme dans le paysage académique belge.
« Nous ne sommes pas nostalgiques du passé », a ajouté Yvon Englert. « Nous célébrons ensemble (ce double anniversaire) parce que nous sommes fiers de notre ville, de nos communautés et de notre pays.
Pour Caroline Pauwels, « la Région bruxelloise est un excellent exemple de compromis à la belge. La Région est devenue une référence internationale, un îlot singulier dans un pays de plus en plus morcelé ». Et c’est là, selon les deux recteurs, un atout majeur. Y compris dans un monde scientifique mondialisé. « Les frontières sont faites pour être franchies », ont-ils insisté.
« Pour nous, les frontières doivent évoquer l’image d’une mer ouverte, pas celle de barrières », précise Caroline Pauwels. « Pas celle de murs derrière lesquels les gens se retranchent. N’est-ce pas là la quintessence, l’essence même de l’Université, dont le nom renvoie à l’universalité, au dépassement constant des limites de la connaissance ? »
En 185 ans d’existence, l’ULB et la VUB alignent de fameux acquis. Six prix Nobel ont été attribués à des chercheurs de l’ULB. « La liberté avec laquelle ces personnes pouvaient mener leurs recherches fondamentales dans notre université n’est pas étrangère à ce palmarès », a estimé le Pr Englert.
Cela ne signifie cependant pas que les universités doivent se muer en tours d’ivoire ni qu’elles doivent être déconnectées des aspirations du reste de la société. « Nous devons nous rendre compte qu’il y a en effet parfois un fossé entre la société et ce qui se fait à l’université », indique encore la Pre Pauwels. « Cet écart n’a aucune raison d’être. Nous sommes là pour et par la société ».
Afin de renforcer cette volonté de rapprochement avec la société, les deux recteurs ont alors symboliquement retiré leurs toges.
« Nous sommes fiers de nos toges « , a souligné le Pr Englert. « Mais en les portant, nous définissons aussi une frontière nette, un fossé que nous ne voulons pas symboliser ici, aujourd’hui. Notre place sera toujours aux côtés ou au milieu de nos concitoyens, sans frontières et avec un engagement absolu ».
Et le recteur Pauwels a encore souligné le danger des frontières : « Les frontières déterminent la vie des gens. Nous pensons aux nombreux scientifiques, partout dans le monde, qui sont persécutés, emprisonnés ou qui ont dû fuir leur pays. Tout le monde n’aime pas les scientifiques et leurs idées. Nous pensons en particulier à notre collègue Ahmadreza Djalali, mais certainement pas seulement à lui. »
Les recteurs ont conclu en faisant référence aux alliances universitaires du futur, déjà mises en place à l’ULB et à la VUB avec des collaborations internationales sous la forme de CIVIC à l’ULB et EUTOPIA à la VUB. « Nos projets ont été sélectionnés par la Commission européenne comme l’un des 17 projets pionniers dans ce domaine », a encore précisé Caroline Pauwels. Avant de conclure: « les alliances européennes d’universités auront un impact majeur sur l’avenir de toutes les universités participantes et sur le nôtre en particulier ».